Une protestation de Georges Bidault

La réunion que les Quatre ont tenue hier s'est prolongée pendant quatre heures quarante-cinq. Voici ce que Georges Le Brun Keris nous a téléphoné quelques instants après cette longue séance :

Retenons de cette journée deux points importants :

1 Le général Marshall a marqué, au cours des débats, d'une façon peut-être encore plus précise qu'auparavant, sa lassitude du byzantinisme dans lequel on s'enlise. Sera-ce une reprise du vrai travail ?

2 Georges Bidault a défini une fois de plus la position de la France vis-à-vis des petites puissances. Il a regretté qu'aucun allié n'ait encore été associé aux travaux des Quatre. Il a rappelé que nous avions été les premiers à demander qu'elles participent à la préparation du traité. Toutefois nous étions restés dans le cadre tracé à Potsdam. Depuis lors, certaines délégations semblent s'éloigner des résolutions de cette conférence. Nous ne demandons qu'à laisser, nous aussi, ces résolutions de Potsdam, pour lesquelles nous nourrissons d'autant moins de tendresse que nous n'avons pas participé à leur élaboration. Toutefois on doit être raisonnable. On ne peut confier la rédaction des traités à une sorte de Parlement. On ne peut, d'autre part, accorder le même traitement à toutes les petites nations  et donner la même participation à certains alliés qui n'auront pas de responsabilité dans l'exécution du traité et qui n'en subiront que très indirectement les conséquences éventuelles qu'à ceux qui en porteront tout le poids.

 

Le Billet de politique extérieure